dimanche 29 août 2010

Le dragon des Galapagos

Les îles Galapagos, d'origine volcanique, n'ont jamais été en contact avec le continent américain. Les espèces ont colonisé ces terres grâce aux vents, aux oiseaux disséminateurs et aux courants marins. L'ancêtre commun des iguanes marins, par exemple, serait arrivé aux Galapagos sur des radeaux végétaux à la dérive depuis le continent. Un voyage d'au moins deux semaines, au soleil et sans eau douce, auquel aucun amphibien et de rares mammifères terrestres ne peuvent survivre (seuls quelques rats y sont parvenus).

Au fil du temps, face aux nouvelles ressources alimentaires offertes par ce littoral volcanique, les iguanes ont appris à se nourrir des algues qui se développent sur les roches, dans la zone de balancement des marées. Aujourd'hui, l'iguane Amblyrhynchus cristatus est le seul iguane marin au monde. Les mâles sont capables de plonger plus de 10 minutes pour arracher des végétaux à la pierre: de quoi nous motiver pour arpenter les plages à sa recherche.De telles plongées sont un risque "thermique" pour les iguanes. La plupart du temps, les lézards se dorent au soleil, discrètement camouflés entre les rochers dont ils arborent la couleur. Notre séance photo prend des airs de cache-cache, au milieu de bourrasques de vent et de vagues qui claquent contre le littoral.

vendredi 20 août 2010

La tortue des îles enchantées

175 ans après Charles Darwin, nous posons le pied sur les "islas encantadas" des Galapagos. A lui seul, le nom de cet archipel fait rêver bien des passionnés, autant naturalistes que marins ou plongeurs. Bien loin de la pluie et de la boue de nos chères forêts tropicales humides, nous nous ouvrons ici à un tout autre monde.
A 1 000 kilomètres au large des côtes de l'Équateur, nous voilà sur des terres volcaniques habitées par une biodiversité unique au monde. La différence la plus frappante, lorsqu'on s'intéresse à la faune sauvage terrestre, est que la scène animale n'est plus dominée par les mammifères mais par les reptiles.

Le plus célèbre d'entre eux, et le plus impressionnant, est sans conteste la tortue géante des Galapagos (Geochelone sp.). C'est sur l'île de San Cristobal que nous observons pour la première fois ce monstre de 200 kilos. Une rencontre qui ne laisserait personne indifférent et qui nous ramène en quelques secondes au temps de la préhistoire!

Il existe aujourd'hui 11 espèces de tortues géantes dans l'archipel. Elles se distinguent par leurs aires de répartition sur les différentes îles et par la forme de leurs carapaces, plus ou moins bombées. Cette différence morphologique est fonction notamment du type de végétation dans lequel elles évoluent et se nourrissent. Cet exemple d'évolution radiative, au même titre que le bec des pinsons, est l'une des nombreuses observations de Charles Darwin à l'origine de sa fameuse théorie de l'évolution.

mardi 10 août 2010

L´arlequin à six pattes

Après deux mois consacrés à l´Amazonie, nous traversons la cordillère des Andes pour rejoindre Bilsa, une autre station biologique de la fondation Jatun Sacha. Bilsa est aussi le nom donné à une réserve protégée de 3 500 ha de forêt de pré-montagne et de nuage. Ici, à plus de 500 m d´altitude, l´eau ruisselle constamment le long de la végétation, donnant l´impression d´une pluie sans fin. L´humidité de l´air avoisine les 100% et mousses, lichens, broméliacées recouvrent les arbres (on parle de plantes épiphytes).

Dans la région, la forêt est menacée par l´élevage et l´agriculture. C´est pourquoi Carlos, responsable de la station, s´investit depuis 20 ans dans un vaste projet de reforestation. En sa compagnie, nous apprenons à différencier forêts primaires, mâtures et secondaires et nous nous étonnons des années de travail nécessaires à recréer une forêt à partir d´un pâturage.

Ce matin là, caché sous un tronc mort, une grosse bestiole laisse dépasser ses longues pattes. Le moment est unique : il s´agit d´un arlequin de Cayenne (Acrocinus longimanus), un insecte malheureusement très prisé par les collectionneurs. Au-delà des inexplicables hiéroglyphes dessinés sur ses élytres, ce coléoptère est remarquable par sa première paire de pattes, complètement disproportionnée chez le mâle (environ 10 cm). Ces appendices auraient un rôle dans la reproduction et aideraient l´insecte à franchir les obstacles dans le sous-bois. La séance photo, au grand angle et à quelques petits centimètres de l'arthropode bourdonnant, nous aura donné des frissons dans le dos...