mardi 27 juillet 2010

300 kg pour un drôle de cochon

On estime que les forêts tropicales ne couvrent que 6 à 7 % des terres émergées. Elles abritent pourtant plus de la moitié des espèces vivantes de notre planète et constituent de ce fait le plus grand réservoir de biodiversité au monde. Au nord de l´Amazonie équatorienne, le parc national Yasuni est considéré par certains scientifiques comme le site le plus diversifié sur terre. Une escale à la station de recherche du parc était donc inévitable.

Depuis 1995, pour mieux comprendre la dynamique des forêts et leur rôle dans le cycle du carbone à l´échelle mondiale, diverses études et un large inventaire floristique sont menés à Yasuni. Les premiers résultats sont étourdissants. Sur une parcelle de 50 ha, 1 164 espèces d´arbres ont été identifiées avec un record de 644 espèces par hectare! (contre seulement une dizaine en moyenne dans nos forêts tempérées). La région compte aussi près de 500 espèces de lianes, 600 d´oiseaux, 210 de reptiles et amphibiens, 300 de poissons et 170 de mammifères, dont le rarissime tapir du Brésil (Tapirus terrestris).

Le tapir est le plus gros animal terrestre d´Amérique du Sud. A plusieurs reprises, tout au long de notre voyage, nous avons suivi ses empreintes sans jamais l´apercevoir. Après des mois d´attente, le mastodonte nous offre un face à face inoubliable aux premières heures de la journée.

Il est là, devant nous, aucunement effrayé par notre présence. Sa silhouette disgracieuse ornée d´une courte trompe nous évoque un curieux croisement entre un éléphant et un cochon. Pourtant, en tant que périssodactyle, le tapir est plus proche génétiquement du rhinocéros et du cheval !

mardi 20 juillet 2010

Les dents de la rivière

Le peuple shiwiar (voir message précédent) n´a que de rares contacts avec le monde moderne. Parmi les nombreuses activités qui rythment leur quotidien, la chasse à la sabarcane est celle qui nous surprend le plus. Un art dans lequel notre guide, Pancho, excelle.

Les flèches sont taillées dans le stipe d´un palmier, localement appelé iñayua. Une boule de coton est enroulée à une extrémité en guise de stabilisateur et les premiers centimètres de la flèche sont enduits d´un poison 100% naturel, dont le secret de fabrication est gardé par les indigènes péruviens. Enfin, une encoche est finement ciselée sous la partie envenimée : la pointe de la flèche restera ainsi plantée dans la chair de l´animal visé.

Pour tailler cette encoche, Pancho utilise les dents d´un piranha. Ce nom cache en réalité plusieurs genres de poissons carnivores d´eau douce, rendus célèbres en Amazonie par leurs dentitions tranchantes comme des lames de rasoir. Avant de partir pêcher l´un de ces poissons à la réputation vorace, Pancho nous assure d´une chose : ces animaux ne sont pas des mangeurs d´homme! Confiants, nous nous mettons à l´eau au milieu des carnassiers... nous n´en ressortirons sans aucune morsure.

samedi 10 juillet 2010

Un singe écureuil

S´enfoncer dans l´Amazonie équatorienne est plus facile sur le papier, à en croire notre guide de voyage, que sur le terrain. Les transports se font plus rares, les coûts augmentent et les lodges de luxe soi-disant"écotouristiques" sont souvent les seules portes d´entrée offertes aux visiteurs. Voyageurs petits budget mais non pressés, nous finissons par trouver notre bonheur : 2 semaines dans la région de Pastaza, à la frontière avec le Pérou, en compagnie des indigènes Shiwiar.

Le peuple shiwiar vit en harmonie avec la jungle environnante et accueille quelques rares voyageurs et quête de nature et de culture. Chasseurs, pêcheurs, cultivateurs mais aussi naturalistes amoureux de leur forêt, les shiwiars savent exploiter les ressources de leur environnement sans jamais le malmener. Pancho est notre guide durant 10 jours et c´est en sa compagnie que nous faisons nos plus belles observations animalières : aras, toucans, tamarins, singes laineux, ou encore le saïmiri (Saimiri sciureus), à l´honneur aujourd´hui.


Svelte, curieux, malin et hyperactif (il ne sait pas poser pour une photo...), le saïmiri a hérité du surnom de singe-écureuil. Pour approcher ce primate, il faut attendre l´heure du repas. C´est à ce moment que les groupes de saïmiris descendent de la canopée et rejoignent les strates basses et moyennes de la forêt, en quête d´insectes, de fruits, de feuilles entre autres petites douceurs culinaires. Un instant parfait pour sortir le téléobjectif !