samedi 31 octobre 2009

Une vache à la mer

De retour à Chetumal, nous faisons connaissance avec Benjamin, biologiste mexicain spécialisé dans la conservation du lamantin (Trichechus manatus). Dans l´espoir de photographier cet imposant mammifère marin, aussi appelé "vache des mers", nous accompagnons Benjamin sur son terrain de prédilection : la baie de Chetumal. Les eaux chaudes et peu profondes de cette baie sont un lieu de vie idéal pour les lamantins. Ils y trouvent les kilos d´algues et d´herbes aquatiques nécessaires quotidiennement à leur alimentation.

Une fois dans la barque, la traque s´avère plus difficile que prévue et les bestiaux manquent à l´appel. Après quatre heures de recherche intensive à scruter le moindre mouvement à la surface de l´eau, seul un individu se laisse apercevoir et disparaît aussitôt.

Le lendemain, la chance nous sourit. Une équipe de vétérinaires a rendez-vous dans le secteur pour attraper et remettre d´aplomb un lamantin harponné par des villageois mal informés. Nous suivons avec grand intérêt les soins administrés. Pas moins de dix personnes sont réquisitionnées pour le bon déroulement de l´opération. Le lamantin est finalement remis à l´eau et s´échappe en deux puissants coups de queue, rejoignant ainsi les quelques 200 congénères qui peuplent la baie avec lui.


samedi 24 octobre 2009

Le glouglou du sous-bois

Au sud de la péninsule du Yucatán, à la frontière avec le Guatemala, se trouve la plus grande forêt tropicale du Mexique : la réserve de biosphère de Calakmul. Munis de quelques kilos de riz et de plusieurs bidons d´eau potable, nous nous rendons au cœur de cette zone protégée pour y camper une semaine.

La végétation est ici très dense et il est difficile de rencontrer les espèces emblématiques de la région. Après 2 jours de recherche sans résultats, nous finissons enfin par croiser un volatile particulier : le dindon ocellé (Agriocharis ocellata). Si les dindons nous semblent familiers, cette espèce l´est beaucoup moins car son aire de répartition est limitée au Yucatán, au Belize et au Guatemala.

Nous croisons un groupe de 4 individus que nous repérons au son: les dindons glougloutent et les branches du sol craquent sous leur pattes. Ils finissent par traverser le sentier devant nous, laissant apparaitre leurs plumes aux reflets éclatants. Le temps de prendre quelques images et les dindons disparaissent derrière un mur de feuilles et de lianes.

samedi 10 octobre 2009

Une écorce décorée d´écailles

Nous prenons la route pour la réserve de El Eden, une zone protégée de 2 000 ha composée de savane et de forêt tropicale sèche. Nous y retrouvons Yann, éco-éthologue (étude des liens entre comportement animal et environnement) au laboratoire mexicain d´Ecosur. Yann travaille en ce moment sur des collectes d´arthropodes : mygales, scarabées, punaises... Grâce à lui, nous découvrons toutes sortes de petites bêtes et nous marquons un intérêt particulier pour un insecte : l´Hamadryas.

Ce papillon diurne est difficile à débusquer car il se fond dans son environnement. Immobile sur une écorce d´arbre, il devient quasiment invisible. Pourtant, une fois repéré, il est possible de l´approcher discrètement et de profiter des magnifiques motifs sur ces ailes écailleuses (ordre des Lépidoptères). Du Texas à l´Amérique du Sud, cherchez bien sur les troncs en forêt et vous finirez par le trouver.

samedi 3 octobre 2009

Un singe à huit pattes ?

Notre première étape mexicaine nous emmène au petit village de Punta Laguna, au nord de la péninsule du Yucatan. Ici vit une communauté maya qui gère un programme de préservation du plus grand singe centraméricain : l’atèle de Geoffroy (Ateles geoffroyi).

Totalement arboricole, ce primate est surnommé singe araignée. Un singe à 8 pattes ? Presque…L’atèle a hérité de cette appellation à cause de sa longue queue préhensile qu’il utilise comme un membre à part entière. Systématiquement enroulée autour d’une branche, cette queue est une sécurité supplémentaire pour éviter la chute. Elle permet aussi au singe de libérer ses pattes antérieures pour attraper les fruits et feuilles dont il se nourrit.

A la cime des arbres, l’atèle se déplace par brachiation, un mode de locomotion où les mains sont utilisées comme des crochets. Le pouce n’étant pas indispensable dans ce cas, il a tout simplement disparu au fil de l’évolution !